
Parmi toutes les fleurs qui trouvent leur place sur un balcon ou une terrasse, les bégonias occupent une place à part. Faciles à cultiver, généreux en floraisons et incroyablement variés, ils savent transformer le moindre coin d’ombre en tableau coloré. Mais derrière leur allure simple se cachent quelques secrets de culture que l’on découvre avec le temps, en observant, en essayant, parfois en se trompant… et toujours en apprenant.
Dans ces lignes, je vous partage mes expériences et mes conseils pour profiter pleinement de ces plantes attachantes capables d’illuminer tout un été.
Table des matières
Les bases pour réussir : pot et substrat
Tout commence par le contenant. Pour que vos bégonias en pot puissent s’épanouir pleinement, choisissez un pot d’au moins 20 cm de diamètre. Et surtout, veillez à ce qu’il soit percé : ces plantes sont très sensibles à l’excès d’eau au niveau des racines.
Le drainage, c’est la clé souvent négligée. Une simple couche de billes d’argile, de graviers ou de tessons de poterie au fond du pot permet à l’eau de s’échapper et évite la stagnation. Croyez-moi, ce petit geste peut transformer une culture fragile en véritable succès. L’eau doit circuler librement et ne jamais stagner dans la soucoupe.
Quant au substrat, il mérite toute notre attention. Les bégonias aiment un terreau léger et bien drainant, mais capable de garder un peu d’humidité. Pour ma part, j’ai trouvé mon équilibre après plusieurs essais : un mélange d’un tiers de terreau de qualité, un tiers de compost maison et un tiers de perlite. Ce cocktail permet aux racines de respirer tout en conservant les nutriments dont elles ont besoin pour fleurir avec éclat.
Exposition : jouer avec la lumière
Les bégonias adorent la lumière… mais à petite dose. Originaires des régions tropicales, ils aiment être bien éclairés, mais le soleil brûlant de midi peut vite leur faire du mal.
Pour moi, l’idéal, c’est un emplacement à l’est ou à l’ouest : quelques heures de soleil le matin ou en fin d’après-midi suffisent pour stimuler leur croissance sans risquer de brûler leurs feuilles délicates. Quand le soleil tape fort, n’hésitez pas à leur offrir un peu d’ombre : une toile d’ombrage, le couvert d’une pergola, ou même l’ombre généreuse d’autres plantes plus hautes font merveille. Cela protège surtout les variétés à grandes fleurs doubles, qui sont un peu plus fragiles.
Même un balcon orienté nord peut accueillir des bégonias. Certaines variétés, comme les Bégonias semperflorens, tolèrent bien une lumière tamisée. Leur floraison sera peut-être un peu plus discrète, mais leur feuillage restera dense et éclatant, offrant un joli spectacle tout au long de l’été.
L’art délicat de l’arrosage
L’arrosage des bégonias est un vrai petit exercice d’équilibre. Trop d’eau, et les racines charnues risquent de pourrir ; trop peu, et les feuilles s’affaissent et la floraison s’interrompt. Il faut donc apprendre à écouter le substrat et à observer la plante.
La fréquence dépend de nombreux facteurs : la taille du pot, la variété, l’exposition, la température… En général, on arrose dès que la surface commence à sécher. Un geste simple pour vérifier : enfoncer le doigt sur deux centimètres dans la terre. S’il ressort sec, c’est le moment de passer à l’action.
L’eau doit être généreuse, jusqu’à ce qu’elle s’écoule par les trous du pot. Cela garantit une humidité homogène et évite la formation de poches sèches. Mais attention, jamais d’eau stagnante dans la soucoupe : nos bégonias n’aiment pas ça.
Le moment de la journée compte aussi. Préférez arroser le matin ou en fin de journée, lorsque la lumière est douce. Arroser en plein soleil peut brûler les feuilles et l’eau s’évapore trop vite pour être vraiment utile.
La qualité de l’eau joue un rôle non négligeable. L’eau de pluie, douce et à température ambiante, est idéale. Si vous utilisez de l’eau du robinet très calcaire, laissez-la reposer quelques heures ou ajoutez une petite goutte de vinaigre blanc pour adoucir le pH.
Et puis, il faut savoir s’adapter aux saisons : en été, surtout pour les petits pots, un arrosage quotidien peut être nécessaire. À l’automne, on réduit progressivement les apports pour préparer les bégonias à leur repos hivernal. Avec un peu d’attention, ils vous remercieront par des fleurs généreuses et des feuilles éclatantes.
Fertilisation : nourrir avec mesure

Nos bégonias en pot vivent dans un petit volume de terre, il leur faut donc un petit coup de pouce nutritif pour garder leurs fleurs éclatantes. Mais attention : trop d’engrais, surtout riche en azote, et vous verrez le feuillage pousser au détriment des fleurs.
Pour ma part, un engrais équilibré (comme un 10-10-10) toutes les deux à trois semaines pendant la saison de croissance suffit largement. On peut même diluer un peu plus que recommandé sans souci : cela évite les poussées brusques qui fatiguent les plantes.
Les engrais liquides sont pratiques : assimilation rapide, dosage précis. Il suffit de les mélanger à l’eau d’arrosage, en veillant à ce que le substrat soit déjà humide pour ne pas brûler les racines.
Pour une approche plus douce et naturelle, j’aime mélanger du compost bien mûr à la terre au moment de la plantation. Et parfois, un petit apport ponctuel de purin d’ortie très dilué (environ 10 %) stimule la croissance tout en restant sûr pour la plante.
Enfin, à partir de septembre, je stoppe toute fertilisation. Cette pause prépare naturellement les bégonias à leur repos hivernal, renforce leurs tiges et les rend plus résistants au froid. Une petite attention qui fait toute la différence pour retrouver des plantes vigoureuses au printemps suivant.
Panorama des variétés adaptées
Le choix de la variété peut transformer complètement l’expérience de la culture en pot. Chaque bégonia a ses particularités et ses besoins : les connaître, c’est déjà mettre toutes les chances de son côté.
Pour les débutants, les Bégonias semperflorens sont un vrai bonheur. Robustes et peu exigeants, ils pardonnent les petites erreurs d’arrosage et fleurissent sans relâche tout l’été. Leurs fleurs simples, disponibles en blanc, rose, rouge ou saumon, se renouvellent sans cesse, et certaines variétés supportent même de légères gelées automnales.
Si vous rêvez de spectacle, tournez-vous vers les Bégonias tubéreux. Leurs grandes fleurs doubles aux couleurs flamboyantes – rouge profond, orange lumineux, jaune éclatant ou rose tendre – rivalisent avec les plus belles roses. Plus capricieux, ils demandent un peu plus d’attention, mais chaque fleur récompense la patience du jardinier. Et bonne nouvelle : leurs tubercules se conservent facilement pour l’année suivante.
Les Bégonias pendula sont parfaits pour métamorphoser suspensions et jardinières en cascades florales. Leurs tiges retombantes, parfois longues de 40 cm, se couvrent de fleurs du printemps jusqu’aux premières gelées. Avec eux, il faut juste garder un œil sur l’arrosage, leur port particulier les rendant plus sensibles aux excès ou aux manques d’eau.
Enfin, pour les amoureux de feuillage décoratif, les Bégonias rex sont une vraie merveille. Leurs larges feuilles aux motifs argentés, pourpres ou panachés font parfois de l’ombre aux fleurs elles-mêmes. Plus délicats, ils apprécient les coins abrités et un arrosage uniquement au pied.
Soins et surveillance au quotidien
Prendre soin de ses bégonias en pot, ce n’est pas compliqué, il suffit de quelques gestes réguliers pour les garder en pleine forme. Supprimer les fleurs fanées, deux à trois fois par semaine, stimule l’apparition de nouveaux boutons et garde vos potées joliment fleuries. Un petit geste simple : pincez la tige florale juste au-dessus de la première feuille. Pour les variétés à grandes fleurs, vous pouvez aussi retirer les boutons femelles, plus petits et discrets, pour concentrer toute l’énergie de la plante sur les fleurs les plus spectaculaires.
La surveillance sanitaire est tout aussi importante. L’oïdium, ce duvet blanc qui apparaît sur les feuilles, peut rapidement envahir un plant affaibli, surtout par temps chaud et humide. Un petit traitement préventif avec une décoction de prêle ou une solution de bicarbonate de soude permet de limiter les risques sans effort.
Les pucerons s’invitent parfois sur les jeunes pousses tendres. Un simple jet d’eau ou un peu de savon noir dilué suffit souvent à les déloger, et les coccinelles s’occupent du reste.
Enfin, les limaces sont de véritables gourmandes pour nos bégonias. Pour les tenir à distance sans nuire à la nature, j’utilise des barrières naturelles : coquilles d’œufs broyées, cendre de bois ou copeaux de cèdre. Un petit tour de magie écologique qui garde les feuilles intactes et vos bégonias heureux.
Multiplication et conservation

Multiplier ses bégonias, c’est un vrai plaisir pour le jardinier : une manière simple d’agrandir sa collection sans se ruiner. Les techniques varient selon les types, mais restent accessibles même aux amateurs.
Les Bégonias semperflorens se prêtent parfaitement au bouturage. Il suffit de prélever des tiges de 8 à 10 cm et de les placer dans un verre d’eau ou directement dans un petit pot avec un substrat léger. Très vite, elles développent leurs racines, et vous pouvez ainsi conserver vos variétés préférées d’une année sur l’autre.
Pour les Bégonias tubéreux, on opte pour la division des tubercules au printemps. Chaque fragment portant un œil donnera un nouveau plant. C’est une opération délicate : un couteau bien affûté et désinfecté est indispensable, et un petit saupoudrage de charbon de bois sur les plaies protège contre les pourritures.
Quant aux Bégonias rex, le bouturage de feuilles est une technique fascinante. Une feuille mature, incisée le long des nervures principales et posée sur un substrat humide, peut donner naissance à plusieurs plantules identiques à la plante mère. C’est une façon magique de multiplier vos beautés tout en conservant leurs motifs uniques.
Calendrier des interventions
Cultiver des bégonias en pot, c’est aussi respecter leur rythme au fil des saisons. Chaque période de l’année a ses gestes spécifiques et ses petites attentions particulières.
Au printemps, dès que les gelées ne sont plus à craindre, c’est le moment idéal pour planter ou rempoter. Les tubercules conservés au sec depuis l’automne reprennent alors vie dans un substrat frais. Un arrosage modéré et une lumière douce, protégée des rayons trop intenses, assurent un démarrage harmonieux.
L’été est la grande fête des fleurs. Par forte chaleur, les arrosages deviennent presque quotidiens, et une fertilisation toutes les deux semaines garde les plantes en pleine forme. C’est également la période pour surveiller leur santé et retirer régulièrement les fleurs fanées afin de stimuler de nouveaux boutons.
Avec l’automne, il est temps de préparer l’hiver. Selon la variété et la région, on peut soit laisser les plants en situation protégée, soit arracher et stocker les tubercules. Il faut alors être attentif aux premières fraîcheurs pour éviter les mauvaises surprises.
Enfin, en hiver, les bégonias entrent en repos végétatif. Les arrosages s’espacent, la fertilisation cesse, et la plante se met en pause, prête à repartir de plus belle au printemps. Suivre ce rythme saisonnier, c’est assurer des floraisons généreuses et des plantes heureuses année après année.
Problèmes courants et solutions
Même avec toute l’attention du monde, il arrive que nos bégonias rencontrent quelques soucis. Savoir les repérer à temps permet souvent d’éviter le pire.
La chute des boutons floraux est un classique qui inquiète souvent. Elle traduit généralement un stress hydrique : trop ou pas assez d’eau, ou même un changement brutal d’environnement. Dans ces moments-là, la patience est votre meilleure alliée : la plante s’adapte petit à petit à ses nouvelles conditions.
Le jaunissement des feuilles peut venir de plusieurs causes. Un excès d’eau entraîne souvent un jaunissement général, avec des tiges molles, tandis qu’un manque d’eau affecte plutôt les feuilles les plus anciennes. Parfois, c’est aussi un déficit de lumière qui peut provoquer ce symptôme.
L’apparition de taches brunes sur le feuillage signale souvent une maladie cryptogamique, favorisée par l’humidité. Pour limiter les risques, arrosez de préférence au pied et assurez une bonne aération autour des plantes. Si la maladie est déjà présente, il faut supprimer les parties touchées et, si nécessaire, appliquer un traitement fongicide adapté.
Enfin, les déformations du feuillage peuvent trahir la présence de pucerons ou d’autres insectes piqueurs. Ces petits visiteurs se cachent souvent sous les feuilles ou dans les recoins protégés. Un contrôle régulier permet de les détecter tôt et de traiter rapidement, avant qu’ils n’affectent la santé de la plante.
Associations et compositions
Les bégonias en pot révèlent tout leur charme lorsqu’ils sont associés à d’autres plantes, créant des compositions harmonieuses et durables. Heureusement, leurs besoins de culture s’accordent avec de nombreuses espèces.
Les impatiens, par exemple, partagent des exigences similaires et forment un duo classique et efficace. Leurs floraisons se complètent joliment, et l’alternance des hauteurs et des formes apporte du dynamisme aux potées.
Les coléus, avec leurs feuillages colorés, offrent un contraste superbe avec les fleurs des bégonias. Cette combinaison fonctionne particulièrement bien en situation mi-ombragée, où les deux plantes prospèrent.
Pour structurer vos compositions, quelques graminées ornementales, comme les carex ou les fétuques, apportent une touche graphique intéressante. Leurs feuillages fins tranchent délicatement avec les larges feuilles charnues des bégonias, ajoutant profondeur et relief.
Dans mes propres jardinières, j’aime marier Bégonias semperflorens roses et lobélias bleus, avec quelques brins de lierre panaché qui retombent élégamment. Le résultat est simple mais efficace : une terrasse pleine de vie et de couleur tout au long de l’été.
Hivernage : stratégies selon les types

Avec l’approche de l’hiver, il faut adapter nos soins aux différents types de bégonias. Cette période est cruciale : elle influence la survie des plants et leur vigueur pour la saison suivante.
Les Bégonias semperflorens, relativement rustiques, supportent de légères gelées. Dans les régions aux hivers modérés, ils peuvent passer la mauvaise saison en situation protégée, par exemple contre un mur exposé au sud. Un simple voilage hivernal complète efficacement cette protection naturelle.
Dans les régions plus froides, une culture en intérieur est préférable. Un local lumineux mais frais, autour de 10 à 15 °C, convient parfaitement. Les arrosages s’espacent au minimum, juste assez pour garder le substrat légèrement humide. Ce repos hivernal permet aux plants de reconstituer leurs forces et de repartir vigoureux au printemps.
Pour les Bégonias tubéreux, deux options s’offrent au jardinier : les conserver en pot avec la motte, ou arracher les tubercules pour les stocker nus. La première méthode, plus simple, est idéale pour les débutants : il suffit de placer les pots dans un endroit hors gel et de réduire fortement l’arrosage jusqu’à la reprise de végétation.
Si vous choisissez de stocker les tubercules, attendez que le feuillage jaunisse naturellement après les premières gelées. Après l’arrachage et le nettoyage, conservez-les dans du sable sec, dans un local frais et aéré. Cette méthode traditionnelle demande un peu plus de manipulations, mais elle assure une excellente conservation et des plants en pleine forme l’année suivante.
Vers une maîtrise durable
La culture des bégonias en pot se découvre petit à petit, à force d’observer et d’expérimenter. Ces plantes généreuses savent créer une vraie complicité avec le jardinier attentif. Chaque saison apporte son lot d’enseignements, de surprises, parfois de petites déceptions, mais toujours de grandes satisfactions.
Avec le temps, j’ai compris que la régularité des soins l’emporte toujours sur leur intensité. Quelques gestes simples, répétés avec constance, valent mieux qu’une attention sporadique, même bienveillante. En retour, les bégonias offrent une floraison généreuse et durable, récompense idéale pour ces attentions quotidiennes.
Au-delà de la technique, ces plantes nous rappellent la beauté des plaisirs simples du jardinage. Leurs couleurs vives illuminent nos journées, leur croissance nous connecte aux rythmes de la nature, et leur entretien devient un petit moment de détente, précieux dans nos vies trépidantes.
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